« Il y a une communauté des gastronomes »

« Il y a une communauté des gastronomes »


Qui se cache derrière « Le journal de Julien Binz », le blog des nouvelles gastronomiques d’Alsace, qui monte, qui monte ? Rencontre avec la Strasbourgeoise Sandrine Kauffer qui n’en finit pas de développer son concept.

Journal L’Alsace / Anne Vouaux – 18/12/2015

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Directrice et rédactrice du « Journal de Julien Binz », Sandrine Kauffer sillonne l’Alsace en quête d’actualités gastronomiques. Photo L’Alsace/Julien Kaufmann

L’ouverture d’une nouvelle table gourmande dans la région, le succès d’un jeune talent à un trophée gastronomique local, le retour d’un chef alsacien après le succès à l’autre bout du monde, les offres d’emploi en restauration, des reportages vidéo dans des cuisines méconnues ou réputées, des émissions TV de cuisine en direct… : « Le journal de Julien Binz » recense tout cela en quelques clics.

Depuis sa création en 2009, quand il présentait essentiellement des recettes d’étoilés, le blog s’est donc largement étoffé, ouvert aussi bien aux professionnels qu’à un plus large public de gourmets. « Il existe une communauté des gastronomes » , assène calmement, mais fermement la Strasbourgeoise Sandrine Kauffer, à l’initiative de cette masse de « nouvelles gastronomiques d’Alsace ».

« Ce blog est né un peu par hasard, c’est un concours de circonstances » , poursuit la jeune femme, alors professionnelle indépendante en communication politique à Strasbourg. Un acte de naissance émergé des cendres d’un fiasco – un hôtel-restaurant mort dans l’œuf : chargée de la communication de ce projet bas-rhinois, Sandrine Kauffer avait imaginé mettre en ligne le journal du chef du futur restaurant que devait être Julien Binz, son compagnon. Mais de complexe de luxe, il n’y eut pas : resta le blog.

« Au début, il n’y avait que des recettes de cuisine, mais ça générait du trafic. Alors au lieu d’en faire le journal du chef d’un restaurant qui n’existait plus, j’ai décidé de donner des informations plus générales sur la profession » , poursuit celle qui s’intéresse à la gastronomie depuis sa rencontre avec Julien Binz.

Ancien chef étoilé du restaurant Au rendez-vous de chasse, à Colmar, ce dernier a ouvert son propre restaurant à Ammerschwihr mercredi.

La gratuité assumée

« Dans la presse gastronomique que nous lisons beaucoup, nous trouvions que l’Alsace était assez mal représentée. Grâce à ce blog qui s’est transformé en un journal, on a réuni nos intérêts professionnels. » Avec le recul de ses 40 ans, Sandrine Kauffer le reconnaît : elle s’est lancée dans cette aventure sans savoir du tout où elle allait, conservant alors prudemment son activité de marketing politique. Certes, de la communication multimédia, elle avait déjà plus qu’une vague idée, ayant précédemment monté un blog d’informations européennes avec un journaliste.

S’appuyant sur cette expérience, elle signe le contenu rédactionnel et les photos du « Journal de Julien Binz » – elle recherche d’ailleurs des pigistes pour la seconder -, s’occupe de l’insertion sur le site, ainsi que de la recherche et de la rédaction des contrats publicitaires : « Je tiens à ce que l’information reste gratuite. »

Le blog a pris son envol un an après sa création, au salon professionnel Egast, à Strasbourg : Sandrine Kauffer y a multiplié articles, photos… et contacts professionnels. Cela lui a permis de créer la société MediaToque – Julien Binz en 2011 et de se lancer à temps plein sur ce créneau de l’édition gastronomique en Alsace. « J’ai créé mon emploi » , résume sobrement celle qui cumule les diplômes en histoire et en science politique.

Du terroir à la haute gastronomie

« Je fais des photos du chef, des plats, du restaurant. Mais je ne suis pas critique gastronomique : je rends compte avec bienveillance, et mes informations sont vérifiées » , sourit-elle tranquillement. Si elle parle beaucoup de chefs étoilés, c’est parce que « ce sont eux qui nous font rêver ». Mais elle se défend de ne parler que de belles tables inaccessibles : « On parle surtout des artisans qui servent du fait maison et de la qualité : on va de la cuisine de terroir à celle de très haute qualité. » Et si les photos sont si nombreuses, c’est parce que leur auteur tient à montrer les visages de ceux qui signent les plats : « Car souvent, au restaurant, on n’ose pas demander à rencontrer le chef. J’essaie de parler de leur parcours, de leur histoire. »

Franchises et émissions TV

Son concept ayant désormais acquis une réputation régionale, Sandrine Kauffer cherche à le développer dans d’autres régions en franchise : un site des Nouvelles gastronomiques de Paris et un autre de Touraine ont été créés cet été. En septembre, a démarré une émission TV régulière, « Les gastronautes », qu’elle coproduit : il s’agit d’un mix entre interview de chefs ou de pâtissiers et recette en direct. Et les cinq comptes Facebook du « Journal de Julien Binz » attirent maintenant plus de 30 000 followers. « C’est un plaisir sans fin » , apprécie cette boulimique de travail.

Si Sandrine Kauffer avoue ne pas cuisiner elle-même, elle ne cache pas se régaler de la convivialité autour d’une table. « Quand le service est bien fait, c’est une vraie mise en scène : c’est magnifique. » De ce goût pour les belles tables qui l’a menée à son activité professionnelle, elle s’est vu récompensée en 2014 du prix du « Rayonnement gastronomique de l’Alsace à travers le monde » : un prix créé sur mesure, pourrait-on croire.

SURFER http://www.julienbinz.com/

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